Engagée Mumlife

Caroline Receveur et la césarienne de confort

23 octobre 2018

Aujourd’hui j’ai envie de me lâcher dans un post un peu plus libre que d’habitude car le sujet hante les réseaux sociaux : la césarienne de confort de caroline receveur, mais surtout… son article  à ce sujet. Instagram s’enflamme en disant d’une part qu’il est hyper choquant de faire une césarienne quand on n’en a pas besoin, que les médecins qui pratiquent ça son aussi cons que les mamans qui demandent ces césariennes dites de convenance ou confort, et d’autre part que Mlle Receveur est irresponsable de tenir ce discours alors qu’elle a une telle notoriété et ainsi une telle influence (= responsabilité) sur tant de jeunes femmes ( près de 3 MILLIONS d’abonnés sur Insta, quand même).

En voyant passer toutes ces stories, je me suis dit que vraiment je plaignais cette pauvre fille, que c’était grave d’en être réduite à ça et que, oui c’était vraiment irresponsable… Moi qui ai subi 2 césariennes, comment pourrais-je ne pas être d’accord ?

Comme par hasard, il m’a en plus été donné de débattre avec mon amie Karima à ce sujet il y a peine une semaine. Après une première césarienne subie, elle a voulue en avoir une seconde programmée, et sans raison médicale (elle en a d’ailleurs fait un article ICI, et heureusement pour elle ne s’est pas pris autant de commentaires, sans doute parce qu’elle explique mieux). Pour elle cela représente une avancée majeure que de donner le choix aux femmes de disposer de leurs corps. Avec pour appui l’exemple du Brésil ou encore de la Chine où la césarienne sans cause médicale est en train de devenir la norme et où parfois des femmes doivent batailler pour accoucher comme la nature l’a prévu. (Chine : 54,9% en 2011 (47% en zone urbaine, 33% en zone rurale) Brésil : 56% en 2012 (principalement dû aux taux de césariennes de convenance dans les cliniques privées, parfois proche de 80%)*

Or donc, sur ce sujet, si je suis d’accord pour le droit des femmes à disposer de leurs corps, je ne suis pas choquée qu’une femme puisse y avoir recours : il faut que tout soit possible.

Mais pas que tout soit normalisé, banalisé. Surtout pas une opération lourde. Voilà mon avis.

Et la conclusion de cette discussion c’était de dire que si l’accouchement naturel l’était vraiment, s’il était moins médicalisé, s’il y avait moins de violences obstétricales et de process chronométrés à suivre par les équipes les empêchant de pouvoir bien aider/accompagner/guider/rassurer les femmes, bref si l’accouchement n’était pas traité comme un business qui souffre aujourd’hui d’un cruel manque de moyen,  alors les femmes n’auraient pas envie d’avoir des césariennes, car comme toutes celles qui « y sont passé », une opération où on t’ouvre le ventre pour en extraire ton bébé, c’est loin d’être du confort. Et c’est là où le bât blesse dans le récit de Melle Receveur.

A la lire on dirait que c’est une promenade de santé.

 

Mais attention, ne vous y trompez pas, j’ai aussi et surtout écrit cet article pour dire qu’à ma propre surprise, moi qui m’enflamme assez vite, je n’ai pas été outrée comme je m’y attendais en le lisant. C’est plus complexe.

En parcourant le fameux article, la première chose que j’ai pensé c’est qu’elle ne sait pas écrire ! Moi qui m’attendait à lire un truc émouvant, choquant ou encore scandaleux, en fait c’est complètement plat, sans émotion et vite écrit. On est vraiment dans le style « je me débarrasse», avec tirets, phrases courtes et petits paragraphes bien proprets. Rien à voir avec les jolis mots de nombreuses mamans qui racontent leur accouchement avec des trémolos dans l’écriture et nombre détails qui les ont marquées.

Je me suis ensuite dit BOF. Beaucoup de bruit pour pas grand chose quoi. Je n’ai pas été choquée, je n’ai pas senti la moutarde me monter au nez, rien. J’ai même au contraire trouvé que c’était plutôt honnête : la meuf prend vraiment beaucoup de précautions, elle a bien conscience qu’elle peut déranger, elle se justifie, elle explique et se couvre en répétant que c’est son choix, qu’elle n’invite personne à faire comme elle. Du coup, vu que tout le monde lui tombe dessus, forcément,  j’ai beau détester le personnage, là j’ai trouvé ça plutôt courageux, finalement.

Oui, au risque de vous étonner, il m’a fallu le relire pour extraire ce qui, finalement, est vraiment répréhensible et les plus ou moins grosses conneries qui à mon sens émaillent ce texte si creux.

Tout d’abord, comme je le disais plus haut, le vrai problème n’est pas que cette meuf ait choisi une césarienne de convenance, c’est qu’elle ne mette pas en garde contre les risques et aussi, et surtout, qu’elle en parle comme si tout le monde pouvait faire ce choix. Or c’est faux. Il reste encore difficile en France de trouver un praticien qui dise oui tout de suite et sans retenue à pratiquer une césarienne sans motif médical.

Ensuite évidemment, j’ai envie de dire que traiter la césarienne avec autant de légèreté c’est une insulte à toutes celles qui l’ont subies, mais en réalité, qu’est-ce qu’elle en a foutre, la Caroline ? Rien. Ca reviendrait à dire que son Instagram est une insulte à tous les gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Bref, la meuf n’est pas dans le social, mais on le sait déjà, pas vrai ?

Là arrive la première grosse connerie : c’est très louable de vouloir que le papa passe ses premiers instants avec le bébé, mais malheureusement, ce n’est pas ce dont le bébé a besoin à la naissance. Si on ne peut pas faire autrement, on fait sans, mais celles qui l’ont vécu savent bien que ce n’est pas sans conséquences la plupart du temps. La violence d’une naissance, quelle qu’elle soit, induit que le nouveau-né soit auprès de sa mère immédiatement et en peau à peau. Il faut avoir un minimum d’animalité en soi pour le ressentir et la Caroline, d’animalité, il ne lui en reste sans doute plus beaucoup (comme je la plains). Bref, la meuf est ultra connectée, mise en scène, contrôlée, proie du système… et son accouchement en est le reflet,  ici encore, on le savait déjà.

Ensuite : la meuf n’a aucune douleur, elle marche le lendemain. ON Y EST. Ceci est très dérangeant car ce n’est pas du tout réaliste. J’en ai eu deux, des césariennes. Au mieux on se lève péniblement, on a mal voir très mal, on ne tient pas debout, au pire on souffre vraiment atrocement, et ce pendant plusieurs jours. Les jeunes femmes qui la lisent pourraient être tentées de croire que c’est easy et vouloir l’imiter. C’est là qu’elle merde, la Caroline. Car elle a une responsabilité, et elle aurait du dire qu’elle a eu beaucoup de chance, à minima.

En revanche, bon point pour les non visites à la maternité : c’est aussi un conseil que je donne. Que les proches soient tenus à l’écart évite bien des soucis et de la fatigue inutile. Sauf s’ils sont bienveillants, discrets et que vous en avez besoin, ils peuvent bien attendre.

Enfin au sujet de la nurse. J’ai lu de nombreux commentaires plaidant que le bébé doit être avec sa maman la nuit aussi, que c’est un comble de faire un enfant pour en pas s’en occuper etc…  CALMEZ-VOUS. BORDEL.

Je n’ai lu nul part que le bébé était confié 24/24 ou toute la nuit à 100% à une nurse. Je n’ai pas lu non plus que Melle receveur ne s’est jamais levée ni que l’enfant est à l’autre bout de l’appartement et qu’elle dort avec son mec et des boules Quies. (je suis peut être naïve mais je ne peux pas penser qu’elle n’y est jamais allé, forcément elle a participé, au moins un peu, aussi car c’est un plaisir)

En revanche, j’ai lu entre les lignes que cette maman n’était pas sure d’elle, qu’elle n’avait pas de famille proche pour l’aider (il arrive souvent qu’une des deux mamies -quand elles sont là- viennent carrément chez les jeunes parents les premières semaines, est-ce vraiment différent à partir du moment où ce n’est pas la maman elle même ?). Elle parle surtout de conseils, de questions, d’apprentissage et de soutien, plus que de sommeil, si vous avez bien lu. Et aussi d’équilibre et de sérénité. Sur ça je ne peux qu’être d’accord : mieux vaut un coup de main qu’une maman déboussolée et stressée (surtout quand on n’a vraisemblablement que peu d’instinct et que l’on repousse loin sa condition de mammifère). Soyez/soyons honnêtes, on a toutes eu avec nos bébés des moments où on aurait préféré avoir quelqu’un de confiance et d’expérience (autre que belle maman) sous la main que de solliciter les copines sur Instagram ou Google à 4h du matin. Je connais d’ailleurs plusieurs personnes qui se sont fait aider la nuit. Souvent des parents de jumeaux, certes. Mais au final si on peut le faire, pourquoi pas. Après avoir été privé de voie basse et de tétée, le petit Marlon aura au moins bénéficié de l’expérience d’une femme à priori maternante pour inspirer sa maman.

Ensuite, encore plein de petites conneries au sujet de l’allaitement, comme la place du papa, comme si l’allaitement l’empêchait, mais ici encore elle le dit et c’est tout à son honneur : « j’ai fait un choix, mon choix, en accord avec ma vision des choses, inutile donc de venir me lyncher sur ces points juste parce que je ne les ai pas énoncés ». Certaines critiques sur Insta ont ciblé la césarienne mais dit au sujet de l’allaitement : « sur ca je ne me prononce pas parce que c’est un choix ». Ben vous voyez, moi je suis presque aussi choquée par les mamans qui n’essaient même pas d’allaiter, que par celles qui veulent des césariennes. L’allaitement est extrêmement important et je trouve cela égoïste d’en priver son enfant. Je le dis rarement comme ça pour ne pas froisser mes proches, mais c’est ce que je pense. Le débat sur l’allaitement fait rarement changer de camps les unes ou les autres : donc inutile de rebondir, ni sur mon avis ni sur celui de Caroline. (on peut en revanche noter que dans les raisons qu’elle donne, elle ne parle que d’elle (qui a dit « comme d’hab?). Moi je la plains surtout de ne pas avoir été à l’aise avec l’idée d’une chose si naturelle (aurait-elle des problèmes d’image de soi? haha). Elle aurait au moins pu essayer (si Chiara Ferragni l’a fait…). C’est mon avis, mais elle s’en cogne de mon avis, et au final, elle a sans doute raison.

En conclusion : voici un récit plutôt banal, qui reflète une sorte de perdition de l’instinct au profit du contrôle, un triste reflet de ce qu’induit notre société idiote. Ni plus ni moins. En revanche, dans cette société idiote, il y a des cœurs sensibles, des âmes influençables, et quand on a autant d’influence, précisément, on se doit d’être plus pointue,  de mettre en garde : on ne se contente pas de dire « ceci est mon choix » comme si tout le monde pouvait vivre la même chose. Ou de montrer son ventre hyper plat et courir les soirées quelques semaines après césarienne, comme si cela était non seulement normal mais le top de la réussite personnelle.

Allez, vous voulez savoir la partie de l’article où j’ai failli m’étouffer ? Quand elle dit : « J’avais économisé durant les 9 mois précédents pour pouvoir m’offrir les services d’une nurse de nuit pendant 2 mois » T’es sérieuse Caroline ? Une phrase qui malheureusement fait qu’au final on ne saura jamais ce qui est honnête ou non dans l’article : à trop vouloir se justifier de ne pas être comme tout le monde, et faire croire qu’on a les mêmes soucis que n’importe qui (j’ai touché 168€ de congé mat en tout et pour tout, non Caroline, on n’a pas les mêmes problèmes), on ne fait qu’affirmer une supériorité assez détestable. Donc soit on se met vraiment au niveau des gens qui nous lisent, avec générosité, soit on reste la privilégiée que l’on est et on arrête de marteler « ceci est mon choix ». Surtout pour celles qui n’ont pas le choix.

UPDATE: la demoiselle a écrit un second post ou elle prend encore plus de gants. (elle a du lire cet article, c’est sur). C’est du coup un peu moins pire. Et même encore plus intéressant: elle y parle de sa mère, de ses choix, de ses doutes face aux critiques. Je trouve toujours ses choix égoïstes (oui je juge, mais je ne la blâme pas, c’est différent) et je vous invite vraiment à le lire. Elle y dit en tout cas une chose qu’on ne peut pas nier: « Que vaut-il mieux ? Faire plaisir aux AUTRES en étant « malheureuse » parce que vous vivez mal l’allaitement, le biberon,  le cododo … ou VOUS sentir bien dans vos baskets, sûre de vos choix et de vos convictions. » Et ma culpabilité en prendrait même bien une claque au passage quand elle dit: « Souffrir ou ne pas souffrir pendant l’accouchement ne fera pas de vous une meilleure mère, allaiter ou ne pas allaiter ne fera pas de vous une meilleure mère, vous faire aider au quotidien ou partir en weekend pour partager un moment complice avec son fiancé et reprendre son souffle en confiant bébé à Mamie ou la nounou ne fera pas de vous une mauvaise mère. »

Je me ferai bien un petit week end là, à deux (voir juste deux nuits complètes)…

Bref, oui je trouve ça dommageable de demander une césarienne et de ne même pas essayer l’allaitement, ne serait-ce qu’une tétée d’accueil, ça me hérisse le poil rien que de l’écrire, imaginer le nouveau né ramper pour trouver le sein et se voir éloigné au profit d’un bout de plastique et d’une mixture industrielle, mais on ne changera pas toutes les Caroline du monde en les dénigrant. Mieux vaut militer pour ce en quoi on croit et en convaincre au passage. Encore une fois, ce que je retiens de ce second article c’est qu’elle considère que allaiter ou pas c’est kiffkiff, que césa ou pas c’est pareil. Et ça, je ne serait jamais d’accord, simplement parce que je crois en une sorte d’universalité cosmique et à la magie de la vie dont l’enfantement est une des plus extraordinaire manifestation. Et que je crois aussi qu’à chaque fois qu’on intervient pour en prendre le contrôle, on en perd le sens sacré. C’est ça, au fond, c’est une question de sens. Du sens que l’on veut donner à la naissance, à la vie.

*source : https://www.cesarine.org/avant/etat_des_lieux.php

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16 Comments

  • Reply Marion 24 octobre 2018 at 21 h 39 min

    Oulala la césarienne de confort ça peut s’expliquer… une amie dont le mari est militaire l’a fait pour qu’il soit la sinon c’etait 6 mois sans papa!
    Mais outre cas exceptionnels çà me gêne de vouloir tout contrôler et c’est tellement magique de ne pas savoir quand le bébé va arriver!
    Pour l’allai No comment je ne suis absolument pas d’accord avec toi.

    • Reply Jolie Mum 25 octobre 2018 at 10 h 10 min

      tellement d’accord, c’est exactement ça. Pour l’allaitement, pour moi c’est presque un dû que l’on a face à son enfant que de lui donner ce dont il a besoin, au moins lors de ses premières heures/jours de vie. Le contrôle est là aussi chez elle: elle lui donne le bib pour le rythmer, pour controler donc ce qu’il mange et quand il mange…

  • Reply Solène 24 octobre 2018 at 22 h 21 min

    Je partage ton avis à 95 % (je n’arrive pas à me faire au principe de la nurse de nuit notamment parce qu’elle dit qu’elle l’a aidée à caler Marlon la nuit, sur des horaires, et j’ai un peu de mal avec ça). J’ai vraiment eu du mal à me remettre de cet article et des « dégâts » qu’il pourrait faire. Sa réponse d’hier soir atténue un peu les choses… Mais lire toutes ces femmes qui l’encensent dans ses choix me font dire que l’allaitement notamment n’a pas fini de souffrir en France…
    Cela ne m’empêche pas de dormir, mais l’aspect contrôle total est plutôt flippant, même si c’est justement le fait ne pas contrôler les choses les premières qui m’a valu un bon baby blues.. Il y a une impression de facilité alors que non, rien n’est facile et que oui, c’est incontrôlable.

    • Reply Jolie Mum 25 octobre 2018 at 10 h 08 min

      C’est vrai, je ne l’ai pas précisé car sinon on n’en fini plus de détails (mon article est déjà bien long) mais oui on sent tant de contrôle dans sa volonté de le rythmer, à SON rythme: aucune fois elle ne parle de lui dans ses décisions à elle… décider l’heure et le jour de l’accouchement, décider de ce qu’il mange et quand, de quand il dort… bonne chance à elle pour le terrible 2 😉

  • Reply SolangeL 24 octobre 2018 at 22 h 42 min

    Quelle jolie conclusion. Je suis d’accord, il y a une part de mystère, de sacré, dans la maternité , et surtout beaucoup d’amour. Quel dommage de lire une maman décrivant son accouchement , avec si peu d’affect … quand on souhaite parler de la venue au monde d’un enfant, on devrait parler d’amour . Et l’article de C. Receveur en laisse peu transparaître. Si c’est par pudeur de sentiments, autant ne rien écrire du tout sur la maternité !

  • Reply Banana 24 octobre 2018 at 22 h 51 min

    C’est bien écrit, avec beaucoup de sens et de réflexion.
    Mais la partie sur l’allaitement…
    come onnnnnnnn.

    • Reply Jolie Mum 25 octobre 2018 at 10 h 07 min

      Pour moi c’est une évidence, presque un dû que l’on a face à son enfant de lui donner ce que son instinct de vie lui réclame à ses premières heures, au moins. Et les préparations en poudre ne sont pas anodines (bien que je les utilise)

  • Reply Vivi 25 octobre 2018 at 6 h 37 min

    Je savais pas que tu avais eu deux cesariennes. Alors moi pour mes deux césariennes quelques heures apr s j’étais debout et je reprenais ma vie comme si j’avais pas eu de cesa et sans douleur (sous antidouleur quand-même pendant 3j) donc ce qu’elle dit est plausible et elle ne peut parler que de ce qu’elle connait. Après mm si c’est pas super tôp pck la sécu régule bcp de praticiens pratiquent la césarienne de confort mais bcp de futures mamans ont peur de la demander… Bon sinon elle aura réussi ce qu’elle voulait… Faire parler d’elle …

  • Reply Soucsouck 25 octobre 2018 at 8 h 14 min

    J’ai bcp aimé ton article et pense ton analyse complètement pertinente 👌🏻 Je suis du même avis concernant l’allaitement !
    Une chose est sûre: le manque de sommeil chronique n’a pas altéré ton sens de l’analyse😜
    Merci pour cet article!

  • Reply Lucie 25 octobre 2018 at 15 h 31 min

    Bonjour,
    j’ai beaucoup aimé cet article. Ayant eu une césarienne en urgence, je m’en serais bien passée si j’avais pu accoucher par voie basse ! Et après un déclenchement, un travail de 24H, une césarienne en urgence et des saignements importants, effectivement, on ne reprend pas sa vie quasi normalement dès le lendemain comme CR. On se douche, et on revient sur son lit d’hôpital son bébé dans les bras, point. L’article de CR m’a interpelée pour cette raison.
    Le fait qu’elle ne mette pas d’affect dans le récit de son accouchement ne me choque pas plus que ça parce que moi non plus, je n’ai pas trouvé ça génial. Je m’explique, la sage femme dit qu’on descend au bloc sans tarder, on est séparée de notre amoureux, on nous présente notre bébé 30secondes, on nous remue dans tous les sens (on vomit, c’est cadeau!) puis on passe 2 heures en salle de réveil (avec saignements pour moi et donc là rebelote, on s’active autour, on appuie sur le ventre, on fait mal, on a peur de se vider de son sang…) et puis enfin, on peut profiter de son enfant. Mais plus de 3 heures se sont écoulées, ce n’est plus magique. Alors oui bien sur, l’amour ressenti pour notre bébé est indescriptible, on est émerveillé par ce petit être mais la magie de la naissance dont on entend parler n’est pas là (et alors là, bonjour les interrogations, vais je être une bonne mère ? est ce que je mérite d’être maman ? heureusement oui, après avoir oublié la douleur, tout devient magique !)
    Pour ce qui est de l’allaitement, je suis mitigée. Je n’ai pas essayé d’allaiter ma fille. Je ne m’en suis simplement pas sentie capable. J’étais douloureuse, anémiée +++, le personnel de la maternité ne m’a même pas proposé d’essayer. Est ce que je culpabilise ? Non. Est ce que je suis consciente que le lait maternel est incomparablement meilleur au lait en poudre ? Oui. Est ce que ça me dérange que certaines se permettent de dire que je suis une mauvaise mère ou que j’ai privé mon bébé du meilleur parce que je n’ai pas allaité ? Oui parce que je ne me permets pas de juger les choix des autres et surtout, on ne sait pas ce qu’il y a derrière ses choix justement. Je pense qu’on fait toutes de notre mieux, avec toutes nos imperfections… Enceinte de mon deuxième enfant, je me questionne sur l’allaitement. Avec 20 mois d’écart entre ma grande et le bébé à venir, je ne m’en sens, pour l’instant, pas capable. C’est peut être égoïste mais je fais partie de celles qui pensent qu’il vaut mieux une maman apaisée donnant le biberon qu’une maman stressée au bout du rouleau avec un allaitement qui se passe mal.
    Voilà, mon histoire et mon avis n’intéressent surement personne mais je pense qu’il est temps que les langues se délient un peu sur ces sujets. Mis à part juger les autres, les femmes ne partagent pas et ne débattent pas réellement. Et c’est bien dommage, on grandirait et s’enrichirait tellement plus !

  • Reply Audrey 25 octobre 2018 at 19 h 38 min

    J’ai tellement aimé lire ton article !! Je suis terriblement d’accord avec toi, notamment sur l’allaitement mais évidement sur la césarienne aussi. Je n’arrive toujours pas à être d’accord avec celles qui disent « l’allaitement c’est un choix chacune fait ce qu’elle veut »….. non on ne fait pas ce qu’on veut NON, allaiter c’est la normalité… Pourtant j’ai 24 ans, je suis encore encore étudiante (ma petite fille a un an), et en tant que femme moderne je considère que la modernité, ce n’est pas donner un biberon et sortir le soir en laissant quelqu’un d’autre s’occuper de son enfant. Être une femme moderne, une maman moderne c’est tellement plus profond que ça ! L’allaitement est universel, l’accouchement par voie basse aussi. L’amour, le maternage, la bienveillance, l’écoute est tout ce qu’il y a de plus beau, et je suis sidérée par toutes ces femmes qui, sous prétexte de féminisme, de modernité et de « on est en 2018 » agissent comme Caroline receveur !! En tout cas merci bcp pour ce super article!

    • Reply Jolie Mum 1 novembre 2018 at 16 h 46 min

      merci pour ton témoignage! comme quoi c’est pas non plus une questions d’âge mais bien de convictions!!!!

  • Reply vio 26 octobre 2018 at 2 h 58 min

    Je ne suis pas pour la césarienne de « confort » (sauf cas exceptionnels mais qui du coup sont loin d’etre une norme) et encore moins pour la nurse à domicile… même si je conçois tt a fait qu’une aide les 1er jours puisse être sympa pour les jeunes parents ( surtout pour le 1er), mais en vrai ça reste un problème de riches… 😉
    Pour l’allaitement…. ça concerne toutes les femmes (riches, pauvres, seules, en couple, fatiguées, mères, perdues, aimante, dévouées, …). Toutes les mères donc.
    Pour ma part j’ai 2 enfants:
    le premier né par césarienne (non souhaitée , la césarienne, mais nécessaire). Je l’ai allaité le 1er mois. Un allaitement compliqué, stressant, un bébé qui pleure, une maman culpabilisée (je fais mal, il ne mange p1s assez, il perd du poids….). Au final une relation avec bébé qui ne se fait pas. Une Maman fatiguée, triste et qui se sent coupable de ne pas arriver à « nourrir » son petit, et qui en arrive à se demander si elle « aime » cet enfant, puisqu’elle n’arrive pas à le nourrir….
    Un bébé éponge à émotion qui devait ressentir cette détresse. Passage au bib, tout se libère et la relation s’apaise enfin, Maman et bébé peuvent enfin partager de l’amour, des câlins…
    Pour la 2e, accouchement par voie basse, au top, parfait… Peau à Peau, mais pas d’allaitement ( et bébé n’a pas rampé pour trouver mon sein, mais s’est blottie, lové contre moi pendant 2 heures, fatiguée mais sereine).
    Premiers repas au Bib, mais toujours collée près de moi dans mon lit des la maternité.
    Sereine de ma décision de ne pas l’allaiter je lui ai donné en contre partie la proximité et l’entiereté de ma personne que je n’avais pas réussi à donner à mon 1er, trop préoccupée à l’époque par ma culpabilité à ne pas réussir mon allaitement. Libérée et deculpabilsee de cette contrainte, j’ai pu mettre toute mon énergie dans les câlins et dans l’amour pur et simple pour ce petit être.
    Et je me suis sentie une meilleure mère, car mon incapacité à nourrir mon bébé (le 1er) m’avait empêché de l’aimer correctement le premier mois de sa vie.
    Je pense aujourd’hui qu’une mère peux trouver par le bib le moyen de faire manger son enfant, mais rien ne peux remplacer le vide émotionnel d’une mère qui a le sentiment de « rater » son allaitement.
    Arrêtons de focaliser sur le sein ou le bib.
    Bébé, dès son arrivée sur terre (et là on touche bien au cosmologique et au sacré), a , avant tout, besoin d’être aimé, soutenu et accompagné par sa maman, et si pour cela Maman à besoin de le nourrir au biberon ça n’a rien de dramatique. Surtout si cela lui permet de l’aimer sans entrave, car elle ne met plus en parallèle sa capacité à l’aimer avec celle de le nourrir. Il vaut mieux aimer son enfant en le nourrissant au biberon, que de se forcer à essayer un allaitement raté qui entraîne un désamour de soi et fait sentir à son enfant qu’on a un sentiment d’avoir raté qq chose dont il se sentira coupable sans même le comprendre…..
    Heureuses les mères qui arrivent à faire les 2, aimer et nourrir. Mais pour les autres (et quelle que soient leurs raisons , on n’est pas la pour juger), que l’amour soit leur priorité, dans la mesure où nous vivons dans des sociétés qui nous offrent le luxe de nous poser ce genre de questions.

    • Reply Jolie Mum 1 novembre 2018 at 16 h 45 min

      très beau témoignage, merci! Tu n’es pas égoiste: si tu ne te sens pas capable, c’est tout à fait différent de « je n’ai pas envie/ca me saoule/je veux picoler/je veux pas abimer mes seins ». Rien à voir. Et tu as bien raison: dans tout plein de cas comme le tien, le bib est une alternative qui soulage beaucoup, le corps et l’esprit. heureusement que ça existe pour pallier aux soucis. Il ne devrait juste pas être proposé comme équivalent dès le départ, à mon sens.

  • Reply Laura Dimitrijevic 26 octobre 2018 at 8 h 16 min

    J’aurais pu écrire quasiment la même chose (sans le talent 😁), je pense comme toi. En fait sa maternité elle la vit comme son métier d’influenceuse, c’est là que tu te rends compte qu’elle est déconnectée de la réalité. Elle veut pas souffrir pour donner la vie (ben sans blague, nous non plus), elle veut pas allaiter parce que ça fait mal (oui ça peut effectivement mais il y a des solutions à ça), que le père doit avoir un lien (le rapport ?) et que son emploi du temps et son métier ne lui permettait pas de le faire (va dire ça à Gisèle Bünchen qui a allaité ses 2 enfants 1 an et demi) et c’est de la désinformation, c’est pas de sa faute c’est la société qui nous met ses idées là en tête et si on se renseigne pas, si on lit pas, on y croit bêtement. Ce qui peut être « dangereux » c’est que comme tu dis elle est suivie et par des jeunes femmes donc c’est dommage. J’aurais préféré un peu d’honnêteté et qu’elle dise « allaiter ça me dégoute » sans se justifier parce que là ses arguments ils tiennent pas la route. Je suis pro-choix mais comme toi l’allaitement est pour moi tellement fascinant que c’est une évidence. Elle peut faire ses choix en âme et conscience c’est certain, mais c’est pas ma vision de la maternité ni de la vie tout court.
    Et pour la nounou : bien sûr que l’aide est importante, j’aurais aimé en avoir dans les premiers mois parce qu’on en a bien chié mais on a survécu, on a appris à connaître notre bébé dans les « mauvais » moments, la relation parent/enfant elle se construit aussi dans les moments où tu en chies, c’est la vie. T’oublies tout, comme la douleur des contractions. Un enfant ça te pousse dans tes retranchements, ça repousse tes limites et ça te grandit. C’est énormément de bonheur mais ça se savoure encore plus quand tu passes par tout ça. On peut aussi avoir un bébé totalement cool hein mais ça grandit ces bêtes là et chaque âge à ses lots de moments difficiles donc je comprends pas trop 🤔. Et puis pourquoi 2 mois/2 mois et demi ? Un bébé ça se programme pas, ça a pas de manuel comme un micro onde, on apprend pas un bébé à faire ses nuits pour son confort 🤷‍♀️. Il faut aussi lui apprendre que les nuits ne sont pas acquises avant 3 ans (voire plus) donc un bébé qui dort à 2 mois peut ne plus dormir à 1 an, c’est un être humain, ça se contrôle pas.

    • Reply Jolie Mum 1 novembre 2018 at 16 h 46 min

      merci! 😉

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